Cherchez

Dictionnaire

Contenus du site

Multimédia

Textes en patois

Documents

L’ors é lo piquiò berdjé

Commune: Challand-Saint-Anselme
Catégorie: Contes pour enfants

Dindèn un piquiò mite izolà protcho du bo vichcae un vièi ommo é lo cho névoù. Y avitaon un tropé dé fèe, cahquieunne biantche é d’atre nire. Lo minà ou minae li fèe lardjé dindèn lo bo. In caressèn lo pi gratsious ou dit : « Lo sèi qué vo-z-atre lanmérì mindjé l’erba di pra, ma tsella dèi éhtre séà é intéchà dindèn lo paì pé doni-vo-la mindjé d’ivér ». Dindèn lo bo, pa louén dou mite, y ire un pra davò un piquiò lai ou méntén. Lo piquiò berdjé s’afermae la touì li djor dévàn dé tornì i mite é : « Dujuouet, trentécattro, tsincanta », ou contae li chè fèe intàn qu’i béaon.
Un djor qué ire la, l’a viù aruvé un gro ors : « Lo bo a l’è dé mè é li tiè béhte i l’an pa ren a qué fére tseu ! », di l’ors in féjèn sembiàn dé volé taqué li fèe.
Lo berdjé aloura l’a suplia-lo : « Té démando pé piéjì, lacha chté li miè fèe ! Lo miò pappagràn é iò, l’in pa qué tso pé vivre ». Indonca l’ors sé léva dret su li patte dé déré é ou dit : « Té voi donì na chanse : sé ti mé si dire qué adjo i l’èi, lacho po chté lo tiò tropé. Ti pot pénsé-ie tanque dumàn, no véén po ique a mima oura ». Lo berdjé tracatsà torna vitto i mite, é ou conta tot tsen qué l’a capità ou cho pappagràn. Lo vièi pénsa na quiéta, apré ou dit : « Imprén-te-la pa piquiot, ié la féjén po prou ! Pa po deutta qué un gro ors sia pi fin qué un vièi ommo... Ouèi apré dunì ti vit, come la cohtuma, lardjé li fèe dindèn lo bo ; ou mimo tén, ti couèi po totte li bibérole qué ti vèi é ti coppe po totte li ramme to li foye a totte li verne qué ti troe ».
Lo piquiò berdjé l’at fét to tsen qué lo pappagràn l’at deu-ie, l’at couèyù pién dé bibérole é dé ramme to li foye, pé apré amountoni-ie su lo bor da goya é cora lo solèi l’at ala-se couché, l’ae taca-ie a na fisella dehtendouà dé na pianta a l’atra, intor dou pra. Apré tot tsou travai, l’ae pénsà : « Ora l’èi pa d’atro a fére qué mé catché déré un bochón é aténdre ».
Can la leuna sé léva, l’ors aruva. Ou sé léva dret su li patte dé déré é sobra a botcha inverta :

« Qué dé boboroye... Qué dé foforoye…
Can mimo davò li miè tsent an, l’ao mai viu-ne tan ! »

Can la leuna sé coutcha, lo berdjé, qué l’ae to bin ehcoutà, sor dé déré lo bochón é vat vitto i mite to contèn : « Ah aaah, lo pappagràn l’a fran aviù na bona idé ! ».
Lo djor apré, torna minì bére li fèe ou mimo pra. To subeut, l’ors aruva in nanquien-se. Torna lévé-se dret su li patte dé déré é ou dit : « Aloura, ti sit diré-mè qué adjo i l’èi ? ».
« Teu t’it tsent an, ié rehpòn lo garsón, é l’è aruvà lo moumèn qué ti té gavisse dé ique ! ».
Dou nervous, l’ors sé morts na patta é sé nen vat ou fon dou bo dé dou l’a pa po ma végnì.

Alexis Bétemps, Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection Le miel des contes, Imprimerie Slatkine, Genève 2006

Ecouter le texte

Télécharger le texte

L’ors é lo piquiò berdjé

Document pdf (188 KByte)

Ita

L'ours et le petit berger

Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.

Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006

Fra

L'ours et le petit berger

Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.

Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006