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Lou tapadzo (patoué dé l'invers dé Dounah)

Commune: Donnas
Catégorie: Ethnologie

Lou mariadzo d’in vevvo ou dé na vevva ire, per lé dzouvenno, na baga fourra dou nourmal deun la veuya d’in pais. Adé can lou vevvo ou la vevva mariavo cahquìn dé pieu dzouvenno, in béten-se paré in bataye coun la djouventù qué ire la souletta a avé drouet d’avé dé minà. É heutta coumpétichón ire incorra méno djeusta can lou vevvo ou la vevva iro reutso, baga qué capitave souvèn perqué la fourteunna dé his d’in tcherto iyadzo - mersì ou travai ou a hen qué lé vieui avivo licha-ie - ire pieu grosa qué hella d’in dzouvenno.
Y è per hen qué son lé dzouvenno da marié, lé garsón pieu qué d’atro, qué sé prenno in tsardzo dé fére lou tapadzo.
Int’i nohtre piquió paizot, y è malèn gneun savé can do sé prèdzo é penso dé marié-se. Capitte qué lé dzouvenno, in vénèn a savé la baga, tchertchèyo dé féré-ié tsandzì idé. Ma y è pa len d’arivé-ie : y è pa paré coumodo fére tsandzì idé a do qué volo marié-se !
Lé dzouvenno aloura countrolo can lé mourous sé trouvo, bén souvèn da catsón, é dichido in prémé tapadzo. Sé passo parolla é lou dzor dichidà, dé nét, sé trouvo protso di méte dé la cobbia, coun totta sor dé drolo dé strumèn, per fére na fanfara di pieu ahtounaye.
La cobbia pout rahponde in manére déférenta. Couhtima fèi sembiàn dé rente é lesse fére. Lou tapadzo pout diré totta la nét é countinoué per pieu dé dzor. Baga qué lé do san figna trop é a la londze, couhtima, fineuho per euhte oubidjà dé martchandé vouèi lé dzouvenno. Can lou vevvo ou la vevva son a la fén d’acorde dé prédzì avouèi lé dzouvenno, eun dé histe vat mandé-ie na brenta dé vén ou la méma valour in sot, per payì lou tort fét.
Lou vevvo ou la vevva caze mai deuyo oi to sto, belle sé y an l’idé dé payì. Y è coume in djouà ayoù ougnideun fèi la sina par.
Sé sé réfize, lou tapadzo countinive figna can eunna di dovve par tchét.
Lou tapadzo pout intséméné can lé do sé prèdzo, ou belle dévàn, é diré incorra apré lou mariadzo.
Gneun payì voulive deurre, sélón lé cas, euhte persounne dé caratére, blagueure ou rantchine. Di co, lé pore guioou mandavo figna lé carabigné. Lé vieui documèn prèdzo souvèn dé prézón. La rijón ahcritta, couhtima y è lou vacarmo fét dé la banda dé dzouvenno ou lon dé la nét, ma y è malèn gneun vèré-ié in pocca dé rabbia dé la par dé la justisse ver his dzouvenno qué prétendivo féré-sé justisse da sé.
Lé daré tapadzo y an souvèn perdì na bounna par dé la lour rijón é son prét di ahpous caze coume in piézì é di dzouvenno coume n’oucajón in pieu per fére feuhta.

Texte écrit par Alexis Bétemps

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Le charivari

Le charivari
Le mariage d’un veuf ou d’une veuve était vécu, par la jeunesse, comme un acte contraire à l’équilibre interne de la communauté. Surtout quand les veufs ou les veuves épousaient quelqu’un de plus jeune, se mettant ainsi en concurrence avec la jeunesse, dépositaire naturelle du droit à la procréation. Et cette concurrence était particulièrement déloyale quand le veuf ou la veuve étaient riches, chose fréquente, puisque, par héritage ou par le travail accompli, la fortune des personnes âgées était généralement plus consistante que celle des jeunes.
Ce sont les jeunes célibataires qui se chargent du charivari, les hommes principalement.
Dans nos petites communautés, les intentions de mariage sont difficiles à cacher… Informés des projets du couple contesté, les jeunes le préviennent parfois pour le dissuader. Mais cette initiative aboutit très rarement : il est difficile de dissuader ceux qui veulent se marier ! Les jeunes sont alors aux aguets quand les fiancés se rencontrent, la plupart des fois en grand secret, et décident d’un premier charivari. Ils se passe le mot et, le jour dit, la nuit, ils se retrouvent non loin de l’habitation du couple, munis des instruments les plus disparates pour former un orchestre grotesque.
Le couple visé peut réagir de différentes façons. En général, il oppose une résistance passive, faisant semblant d’ignorer le concert. Le charivari peut durer la nuit entière et continuer pendant plusieurs jours. Chose que les victimes savent très bien. Pour en finir, généralement, la ténacité des jeunes oblige le couple à ouvrir les pourparlers. Quand le veuf ou la veuve acceptent finalement de dialoguer avec les jeunes, un porte-parole demande un baril de vin, une cinquantaine de litres, ou la somme correspondante en argent. Ceci en guise de dédommagement du tort subi par la jeunesse. Le veuf ou la veuve rarement acceptent tout de suite, même s’ils ont l’intention de payer. C’est une sorte de jeu de rôle où chacun joue son personnage. En cas de refus, le charivari continue jusqu’à la capitulation de l’une des deux parties. Le charivari peut commencer pendant les fiançailles, voire même les fréquentations, et poursuivre jusqu’après le mariage. Le refus de payer était, suivant les cas, une démonstration de caractère, d’orgueil ou d’avarice. Parfois les victimes invoquaient la loi et demandaient l’intervention des gendarmes. Les historiens parlent souvent de prison. La motivation officielle de l’emprisonnement est généralement le tapage nocturne causé par le groupe des jeunes, mais il est difficile de ne pas penser qu’il y ait aussi un brin d’intolérance de la justice officielle à l’égard de ces jeunes qui prétendent exercer une justice parallèle.
Les derniers charivaris ont souvent perdu leur sens profond et sont vécus par les victimes avec beaucoup de complaisance et par les bandes de jeunes comme une occasion supplémentaire pour faire la fête.

Texte écrit par Alexis Bétemps

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Le charivari

Le charivari
Le mariage d’un veuf ou d’une veuve était vécu, par la jeunesse, comme un acte contraire à l’équilibre interne de la communauté. Surtout quand les veufs ou les veuves épousaient quelqu’un de plus jeune, se mettant ainsi en concurrence avec la jeunesse, dépositaire naturelle du droit à la procréation. Et cette concurrence était particulièrement déloyale quand le veuf ou la veuve étaient riches, chose fréquente, puisque, par héritage ou par le travail accompli, la fortune des personnes âgées était généralement plus consistante que celle des jeunes.
Ce sont les jeunes célibataires qui se chargent du charivari, les hommes principalement.
Dans nos petites communautés, les intentions de mariage sont difficiles à cacher… Informés des projets du couple contesté, les jeunes le préviennent parfois pour le dissuader. Mais cette initiative aboutit très rarement : il est difficile de dissuader ceux qui veulent se marier ! Les jeunes sont alors aux aguets quand les fiancés se rencontrent, la plupart des fois en grand secret, et décident d’un premier charivari. Ils se passe le mot et, le jour dit, la nuit, ils se retrouvent non loin de l’habitation du couple, munis des instruments les plus disparates pour former un orchestre grotesque.
Le couple visé peut réagir de différentes façons. En général, il oppose une résistance passive, faisant semblant d’ignorer le concert. Le charivari peut durer la nuit entière et continuer pendant plusieurs jours. Chose que les victimes savent très bien. Pour en finir, généralement, la ténacité des jeunes oblige le couple à ouvrir les pourparlers. Quand le veuf ou la veuve acceptent finalement de dialoguer avec les jeunes, un porte-parole demande un baril de vin, une cinquantaine de litres, ou la somme correspondante en argent. Ceci en guise de dédommagement du tort subi par la jeunesse. Le veuf ou la veuve rarement acceptent tout de suite, même s’ils ont l’intention de payer. C’est une sorte de jeu de rôle où chacun joue son personnage. En cas de refus, le charivari continue jusqu’à la capitulation de l’une des deux parties. Le charivari peut commencer pendant les fiançailles, voire même les fréquentations, et poursuivre jusqu’après le mariage. Le refus de payer était, suivant les cas, une démonstration de caractère, d’orgueil ou d’avarice. Parfois les victimes invoquaient la loi et demandaient l’intervention des gendarmes. Les historiens parlent souvent de prison. La motivation officielle de l’emprisonnement est généralement le tapage nocturne causé par le groupe des jeunes, mais il est difficile de ne pas penser qu’il y ait aussi un brin d’intolérance de la justice officielle à l’égard de ces jeunes qui prétendent exercer une justice parallèle.
Les derniers charivaris ont souvent perdu leur sens profond et sont vécus par les victimes avec beaucoup de complaisance et par les bandes de jeunes comme une occasion supplémentaire pour faire la fête.

Texte écrit par Alexis Bétemps