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Documàn

L’ourse é lo berdjì

Quemeun-a: Sen-Pière
Catégorì: Conte pe le mèinoù

Dedeun an petchouda mèizon-etta a la lemitta di bouque restòon eungn ommo dza tchica outre d’éyadzo é son petchoù néèi. L’ayàn eun troupì de moutón, coutcheun blan, d’otre nèar. Lo petchoù allòo eun tsan outre pe lo bouque. Eun caéssèn hi que lèi plèijè de pi, lèi dijè: «Dze si pròi que vo lamériò medjì l’erba fritse di pro, mi se pou po, no fou la séyé é l’eumbléhé i paillèar pe vouhe sòye d’iveue».
Deun lo bouque, po llouèn de mèizón, ll’ayè eun pro é i mèntèn eun petchoù laque. Lo petchoù berdjì s’arréhòo lé tcheu le dzòo devàn que torné a mèizón é: «Dizeouet…, trèntecatro…, seuncanta…». Mique le moutón bèijàn, llui le-ze contòo.
Eun dzòo, mique l’ii lé, vèi arréé eun grou ourse: «Lo bouque l’è de mè, é te biche pouon po reusté hé», lèi di l’ourse eun fèyèn sèmblàn d’attaqué le moutón.
Lo berdjì adón lo prèye : « Soplé, éparma mon troupì! Pappa gran é mè n’èn mòque hò pe vivre».
Adón l’ourse se drihe sui le patte de dérì é di: «Dz’ouì te baillé eungn occajón. Se te éndén-e mon éyadzo, dze éparmo te moutón. Te pou lèi pènsé canque demàn, mè dze torno-pe hé a la mima èira».
Plèn de pouii, lo berdjì torne vito a mèizón é conte hèn que l’è capito-lèi i pappa gran que di, aprì aì pènsó eun momàn: «Bailla-tè po pouii, mon petchoù, no la lèi fèyèn beun-pe! D’otra par, l’è po pe deu que eun grou ourse siye pi maleun qu’eun vioù ommo…. Heutta aépró te va-pe, comme todzòo, eun tsan i troupì outre pe lo bouque; eun mimo tèn te coueille-pe totte le vatchoule que te vèi-pe é te coppe-pe de brantseillón foillù a totte le vergne que te troue». Lo petchoù berdjì fa comme l’ayè de-lèi son pappa gran, coueille an mâró de vatchoule é de brantseillón foillù é le-ze amouèle i bor di laque é i solèi mechèn le groppe a de fiselle tènduye d’eungn abro a l’otro, tot i tòo de la platta.
Aprì tò hi traaille, pènse: «Aa, n’i po d’otro a fée que de me catchì dérì eun bouissón é atèndre».
Comme la leunna se lée, l’ourse arrie. Tot étoun-ó se drihe sui le patte de dérì é reuste a bòtse iverta:

Que de boboroille… Que de foforoille
Magrì me sènt an dze n’i jamì vui-nèn otàn !

I calé de la leunna, lo berdjì, que l’ayè tò sèntui, queutte sa catse é tórne a mèizón, tò contèn: «Ah! Aaah! Pappa gran l’a-pe belle aù an boun-a idó».
Lo leundemàn va abéé se moutón i petchoù laque. Tò de souitte arrée l’ourse eun se branlèn. Se lée sui se patte de dérì é lèi demande: «Adón, te so-heu me dii queun l’è mon éyadzo?». «T’o sènt an - lèi repón lo garsón - é l’è belle l’èira que te t’èn allèye ».
Plèn de radze, l’ourse se mor an patta é éscape outre pe lo bouque. Dèi hi dzòo poumì gneun l’a vui-lò.

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L’ourse é lo berdjì

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Ita

L'ours et le petit berger

Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.

Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006

Fra

L'ours et le petit berger

Dans une petite maison isolée près du bois vivaient un vieil homme et son petit-fils. Ils gardaient un troupeau de moutons dont certains étaient blancs et d’autres noirs.
L’enfant menait les moutons paître dans le bois. Caressant le plus câlin il dit :« Je sais que vous aimeriez manger le frais herbage de la prairie, mais elle devra être fauché et entassé dans le fenil pour vous nourrir pendant l'hiver ».
Dans le bois, non loin de la maison, il y avait un pré avec un petit étang au milieu. Le petit berger s'arrêtait là tous les jours avant de rentrer et : « …dix-huit,… trente-quatre…, cinquante ». Il comptait ses moutons pendant qu'ils s'abreuvaient.
Un jour, alors qu'il était là, il a vu arriver un grand ours: « Le bois est mon domaine et tes bêtes n'ont rien à faire ici ! » dit l’ours en faisant mine d’attaquer les moutons.
Le berger donc le supplia : « Je t'en prie, épargne mon troupeau ! Mon grand-père et moi, nous n'avons que cela pour vivre ».
L'ours alors se dressa sur ses pattes de derrière et dit: « Je veux bien te donner une chance. Si tu devines mon âge, j'épargnerai tes moutons. Tu peux y penser jusqu'à demain, je reviendrai ici à la même heure ».
Le berger affolé rentra aussitôt, et il raconta son aventure à son grand-père. L'aïeul réfléchit un instant, avant de dire : « Ne t'en fais pas, mon petit, nous l'aurons ! D'ailleurs, il n'est pas dit que gros ours soit plus malin que vieil homme... Cet après-midi tu vas, comme d'habitude, faire paître le troupeau dans le bois ; entre temps, tu ramasseras toute les pommes de pin que tu verras et tu couperas des branchettes feuillues à tous les aulnes que tu trouveras ».
Le petit berger fit comme avait dit son grand-père, il ramassa des quantités de pommes de pin et de branchettes feuillues qu'il amoncela au bord de la mare et au coucher du soleil, il les attacha à des ficelles qu'il tendit d'un arbre à l'autre, autour de la clairière. Après tout ce travail, il pensa : « Maintenant il ne me reste rien d’autre à faire que de me cacher derrière un buisson et attendre ».
Quand la lune se leva, l'ours apparut. Surpris, il se dressa sur ses pattes de derrière et resta bouche bée : « Que de boboroille... Que de foforoille... Malgré mes cent ans, je n’en ai jamais vu autant ! ».
Quand la lune se coucha, le berger, qui avait bien entendu, quitta sa cachette et revint chez lui tout content : « Ah aaah, mon grand-père a vraiment eu une grandiose idée ! ».
Le lendemain, il alla à la clairière abreuver ses moutons. Aussitôt, l'ours arriva en se dandinant. Il se leva sur ses pattes de derrière et demanda: « Alors, sais-tu me dire quel est mon âge? ».
« Tu as cent ans, lui répondit le garçon, et il est temps que tu t'en ailles! ».
De rage l'ours se mordit une patte et s'enfuit au fond du bois d'où il ne revint jamais plus.

Tiré de : Alexis Bétemps et Lidia Philippot, Merveilles dans la vallée - Le Val d’Aoste conté - Collection «Le miel des contes», Imprimerie Slatkine, Genève 2006